INSTANT POD
Fleurs de cerisiers de Risaku Suzuki (鈴木理策)
From the series « Sakura »
<13,4-33>, 2013
47.25 x 61 inch chromogenic print
© Risaku Suzuki
Temps d'écoute ⏰ 4 minutes 41
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(Le podcast est uniquement en français. Pour la traduction anglaise, vous trouverez ci-dessous le texte qui sera automatiquement traduit en anglais en cliquant sur le drapeau anglais)
Bienvenue sur Instant POD, le podcast minute de Charlène pour Sugoi Photo consacré l’actualité photographique nippone. Instant POD, c’est un mot-clé, un artiste ou une photo en lien avec cette actualité pour en découvrir plus sur la photo japonaise contemporaine.
Aujourd’hui, nous nous intéressons aux « fleurs de cerisiers » !
La fleur de cerisier est le sujet exclusif d’une série du photographe Risaku Suzuki intitulée Sakura, le nom japonais de la fleur de cerisier. Sujet à la fois banal et érudit, la fleur de cerisier est omniprésente dans la culture japonaise traditionnelle. Mais quelle est sa place dans la photo de Risaku Suzuki ?
Risaku Suzuki photographie depuis plus de 20 ans des fleurs de cerisiers. Il alimente chaque printemps sa série Sakura, qui continue à être présentée internationalement, comme en avril-mai 2021 à la galerie Danziger aux Etats-Unis.
Chaque année au Japon, vers la fin mars, débute la floraison de cette petite fleur pâle si importante dans la culture nippone. Les Japonais se réunissent alors sous les cerisiers en fleurs pour pique-niquer et pratiquer le ohanami, la célébration de cette fleur qui ne vit que peu de temps. Sa beauté est donc intrinsèquement liée à son «éphémérité ».
Bien que Risaku Suzuki s’intéresse à d’autres motifs naturels, comme les montagnes, la mer, la neige ou encore les nénuphars, la série Sakura est une des plus iconiques du photographe. Elle est constituée de tirages couleurs grands formats réalisés à partir de plan-films de 10 sur 12 cm ou même 20 sur 25, ce qui permet des détails extraordinaires à l’image. On y voit en plan rapproché des branches de cerisiers chargées de grappes de fleurs blanches ou rose pâle, se découpant sur un fond de ciel bleu.
La construction de l’image est littéralement «renversante», puisque la prise de vue s’effectue en contre-plongée, donnant au regardeur l’impression de se trouver sous les branches du cerisier, comme s’il levait la tête vers le ciel pour admirer les sakuras.
Toutefois, Risaku Suzuki réduit la profondeur de champ à un seul point, ce qui donne à tout le reste de l’image un effet flou, cotonneux, premier plan et arrière-plan se mélangeant. Pour le photographe, obliger le regardeur à chercher des yeux le point de netteté dans l’image est important, car il affirme que son travail porte essentiellement «sur la vision et le temps».
- La vision, parce que regarder une sakura depuis le sol est un défi visuel sans fin : chaque fleur a sa beauté propre, et pourtant il est impossible de toutes les voir, sur toutes les branches, dans toutes les grappes. Le regard se focalise fatalement sur quelques-unes uniquement, comme le point de netteté de l’image de Risaku Suzuki.
- Le temps, parce que la fleur de cerisier étant éphémère, elle oblige Risaku Suzuki à accourir chaque année dans les parcs à l’exact bon moment pour ses photographies. Marqueurs temporels de l’arrivée du printemps, les sakuras symbolisent à la fois un cycle répétitif annuel et un passage fugace sur terre. Elles incarnent donc à la fois une éternité et un instant.
Plus que la représentation d’un symbole national de beauté, la série Sakura de Risaku Suzuki est en réalité une ode aux trésors de la nature.
- Site officiel de l’artiste : http://www.risakusuzuki.com/en/
- Galerie de l'artiste au Japon : https://www.takaishiigallery.com/en/archives/19745/
- Galerie Danziger : https://www.danzigergallery.com/exhibitions/risaku-suzuki-sakura
podcast © Charlène Veillon & sugoi.photo