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Saisons et photographie 🖋

Quand les photographes japonais célèbrent le cycle des saisons

par Charlène Veillon
Temps de lecture ⏰ 15 min 54

Dans l’imaginaire occidental, le Japon est souvent associé au motif de la fleur de cerisier, la célèbre « sakura ». Cette petite fleur rose contemplée avec adoration chaque année lors de pique-niques printaniers dans les parcs symbolise différentes choses dans la culture japonaise. Elle est à la fois l’incarnation de la beauté, un symbole de l’impermanence de toute chose, et le chantre de l’arrivée du printemps.  

Printemps, saison préférée des touristes se rendant au Japon, et des Japonais, célébrant la fin de l’hiver. Car évidemment, il n’y a pas qu’une seule saison dans l’Archipel. Il existe 4 saisons bien distinctes, qui possèdent toutes leur charme et leurs attraits. Toutefois, 4 est un chiffre bien réducteur, puisque traditionnellement, le Japon peut s’enorgueillir de compter officiellement 72 micro-saisons ! 

Explications : Au Japon, l’usage du calendrier grégorien solaire occidental ne date que de 1873. Il coexiste depuis avec d’autres systèmes calendaires plus anciens, le plus souvent hérités de la Chine : par exemple, le « eto » (division selon les 12 animaux du zodiaque suivant le cycle de 60 ans de la cosmologie traditionnelle chinoise), le « gengô » (par noms d’ères d’empereurs) ou encore le « kyûreki » (ancien calendrier luni-solaire). 

Dans ce dernier, le nom de chaque mois fait référence à une des caractéristiques de la saison. Ainsi, par exemple, le 3e mois lunaire se nomme Yayoi, « renouveau de la végétation », pour le printemps, et le 8e mois, Hazuki, littéralement « mois des feuilles », pour l’automne. Ce calendrier se subdivise également en 24 sections (« sekki »), elles-mêmes divisées en 72 « kô » d’une durée de 5 jours. L’année comportait ainsi 72 micro-saisons, dont chacune était associée à une courte phrase en relation avec un phénomène naturel spécifique. Par exemple, du 19 au 23 février, c’était « Tsuchi no shô uruoi okoru », soit « La pluie humidifie la terre », et du 12 au 16 juillet, « Hasu hajimete hiraku », « Les premiers lotus fleurissent »1.

C’est dire si les saisons ont une place prépondérante dans la vie quotidienne des Japonais depuis les siècles passés jusqu’à nos jours. Elles ont de tout temps été célébrées dans les arts et artisanats nippons, que ce soit dans les motifs de kimonos, la cuisine traditionnelle « kaiseki », la poésie haïku, les estampes, la peinture, ou encore, plus récemment, la photographie. 

Intéressons-nous à quelques exemples de photographes japonais contemporains illustrant cette tradition culturelle de la célébration de la nature selon les saisons, que ce soit comme motif littéral ou comme prétexte à une mise en scène plus symbolique.

Légendes

ill.1 – Mika Ninagawa, SAKURA  © Mika Ninagawa

ill.2 – From Rinko Kawauchi, Des oiseaux (Atelier EXB, 2021)  ©Rinko Kawauchi / Atelier EXB

ill.3 – Mika Ninagawa, A PIECE OF HEAVEN  © Mika Ninagawa

Ill.4 – Sentier des lucioles d’Hiroshi Maeda, juin 2016 © Hiroshi Maeda

ill.5 –  © Hiro Chiba – http://hirochiba.com

ill.6 – Wakako Kikuchi, série Echo © Wakako Kikuchi

ill.7 – Eiji Ohashi, Roadside lights Seasons: Winter, Case Publishing, 2020 © Eiji Ohashi

 

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